Une enquête ouverte pour déterminer les responsabilités.
Dans le gouvernorat de Kairouan, les établissements hospitaliers se vident petit à petit de leurs compétences à cause de nombreuses défaillances et de carences, surtout en ce qui concerne les équipements de pointe, le staff médical et paramédical, les médicaments et les soins adéquats.
En fait, les hôpitaux et les dispensaires doivent faire face à une demande de soins plus élevée en nombre, plus exigeante en qualité et à des coûts très élevés, et ce, afin d’atténuer les vives tensions sur le plan relationnel et les scènes d’agression et de violence physique et verbale.
Tous les citoyens considèrent qu’il est primordial de bénéficier de bonnes prestations médicales afin de conserver et de rétablir leur santé. Or, ces objectifs ne sont pas encore atteints dans le gouvernorat de Kairouan où on continue de mourir dans l’indifférence et l’impuissance la plus totale.
Le voyage de la mort
On citerait dans ce contexte deux cas de décès récents. Le 28 septembre dernier, une fillette âgée de 5 ans et demi, Tassnim, habitant à Chrarda (située à 70 km de Kairouan), a été piquée par un scorpion au niveau du doigt vers 3h30 du matin. Aussitôt réveillé, son père Lotfi, enseignant, la transporta à l’hôpital local de Chrarda où on décida finalement de ne pas lui administrer le sérum anti-venin. Et comme l’état de la fillette empirait avec des vomissements et des convulsions, on a fait appel au Samu basé à Kairouan qui a mis beaucoup de temps pour arriver au niveau de l’hôpital local de Bouhajla où l’ambulance ayant emmené Tassnim attendait. Arrivés à l’hôpital Ibn-Al Jazzar, au service de pédiatrie, le médecin de garde a refusé de l’accueillir faute de place. Entre-temps, le venin a continué à se propager dans le corps de la petite fille. Elle est finalement admise au service des urgences de consultations externes qui manque d’oxygène. D’où la dispute entre le staff médical et le chauffeur du Samu, outré de voir cette indifférence et ce laisser-aller.
Par la suite, le père a dû se rendre à un laboratoire privé pour faire les analyses nécessaires qui ont montré que le venin était au stade 3. Malgré les traitements qui lui ont été administrés, il était trop tard et Tassnim décéda vers 17h00.
Bien sûr, une enquête a été ouverte, mais personne ne saura la vérité, comme d’habitude !
Difficile de décrire l’onde de choc de toute la famille de Tassnim qui étouffe de colère, de déception et de chagrin. L’air effondré et complètement abattu, son père éclate en sanglots :
«J’ai le cœur en feu… comment supporter ce deuil ? Comment supporter son absence ?»
Le lendemain au stade de Kairouan où un groupe de staff médical et paramédical faisait du jogging, Adel Nakhli, 58 ans, est subitement pris d’un malaise cardiaque. Ses amis lui font un massage cardiaque pour le réanimer en attendant le Samu qui tarde à venir.
Alors, on fit appel à la Protection civile qui arrive en 5 minutes, mais sans médecin réanimateur ni oxygène. A son arrivée à l’hôpital, la victime est décédée, faute d’avoir été secourue à temps, sachant que les minutes sont très précieuses dans de pareils cas…